Par Véronik Rousset – (Formatrice PNL Ennéagramme, Analyse Transactionnelle et Art-thérapeute) au Centre de bien-être Ressource & Vous ! à Ergué-Gabéric 

La Colère : comprendre et apprivoiser cette émotion sauvage

Les émotions sont facétieuses. Elles provoquent parfois des réactions d’incompréhension chez les observateurs extérieurs ainsi que chez l’hôte émetteur. Socialement, elles sont souvent considérées comme politiquement incorrectes, ce qui nous pousse, à tort ou à raison, à les refouler, les nier ou pire, à les ignorer. Comme tout au long de notre vie nous sommes amenés à composer avec elles, autant nous y intéresser et trouver, grâce à leurs manifestations, des leviers pour les « apprivoiser ».

Nos émotions : des compagnons de vie

Amusez-vous à les considérer comme votre chat ou votre chien, sans oublier qu’au début de l’aventure qui lie les hommes et les animaux domestiques, il y avait de la « sauvagerie » dans l’équation. Si la plupart d’entre nous avons cessé de craindre un chat ou un chien, c’est parce que nous avons trouvé un accord « gagnant-gagnant » : nous nous rendons mutuellement des services qui permettent une cohabitation utile et agréable, même s’il en résulte certaines contraintes.

Analyser nos émotions

Notre relation aux contraintes pourrait bien, d’ailleurs, faire l’objet d’un autre article. Mais revenons à nos émotions facétieuses et amusons-nous à les considérer comme vivantes, autonomes et parfois sauvages.

Imaginons qu’il vous prenne l’envie de répertorier celles qui se manifestent souvent chez vous et que vous souhaitiez y associer les principaux comportements qu’elles génèrent. La tâche pourrait tout à coup vous sembler ardue. En PNL, un moyen simple d’arriver à un objectif complexe est de le découper en sous-objectifs. Commencez par l’émotion qui « s’invite » le plus souvent dans votre existence : est-ce l’impatience, la tristesse, la joie, l’anxiété, la colère… ?

La colère : une émotion à part

Prenons un exemple concret en imaginant que l’émotion colère fasse partie de votre carte du monde ou plus précisément de la carte de votre monde. Vous pouvez avoir remarqué que, chez vous, la colère s’exprime parfois de façon extravertie, introvertie et de temps en temps un peu entre les deux. Pour ces trois types d’expressions, vous avez noté les comportements, les bénéfices et les inconvénients qui y sont associés.

Colère extravertie

Imaginons que dans le cas d’une colère extravertie, vous ayez l’habitude : de crier, d’insulter, de casser la vaisselle, de donner des coups… Vous formulez ainsi :

Les bénéfices :

  • J’ai mis l’émotion à l’extérieur de moi, j’en suis donc débarrassé.
  • Si quelque chose me déplaît, j’ai le droit de le dire et peu importe la manière, l’autre en fera bien son affaire.
  • J’aime bien impressionner car du coup l’autre me fiche la paix.

Les inconvénients :

  • Je dois prévoir un budget vaisselle.
  • Les insultes ne sont pas forcément le reflet exact de mes pensées.
  • Mon comportement peut être injuste et ne colle pas tout à fait avec la personne que je suis.
  • Les coups sont dangereux pour qui les reçoit et par ricochet pour celui qui les donne.
  • Je culpabilise car je sais qu’il y a sûrement mieux à faire.

Colère introvertie

Dans le cas d’une colère introvertie, vous avez l’habitude de serrer les dents, vous raidir, vous mordre les lèvres jusqu’au sang.

Les bénéfices :

  • Je suis irréprochable.
  • Je me débrouille dans tous mes domaines de vie, je garde mon boulot, mon couple, mes amis.
  • Je suis fiable et respecté, les apparences sont toujours sauves.

Les inconvénients :

  • Je vais devoir prévoir, à terme, un budget anxiolytiques.
  • Ma colère n’est pas libérée, elle génère des pensées parasites récurrentes.
  • L’évènement me fait souffrir exagérément, je m’en veux de ne pas avoir dit le fond de ma pensée.
  • Plus je revisite le souvenir, plus la colère se retourne contre l’autre.
  • Je culpabilise car je sais qu’il y a sûrement mieux à faire.

Colère modérée et exprimée

Dans le cas d’une colère modérée et exprimée, vous avez constaté qu’elle génère malgré tout des blâmes contre vous-même et/ou contre autrui.

Les bénéfices :

  • J’ai osé dire et montrer ma désapprobation de façon adulte et raisonnable.
  • Mon état interne est correct, je vais chercher le facteur déclenchant de ma colère.
  • Si je parviens à conscientiser suffisamment en amont le risque de réveiller le facteur déclenchant, je saurais éviter de m’y exposer ou je saurais m’y préparer.
  • J’admets que l’émotion colère fait partie de mon humanité. À moi de l’apprivoiser en cherchant sur quelles croyances objectives ou non objectives elle s’est construite.

Interroger nos croyances

En PNL, nous interrogeons nos croyances pour les traiter différemment si elles sont, ou non, objectives. Par exemple, vous avez remarqué que votre colère se déclenche lorsque quelqu’un « coupe la parole ». Vous avez retrouvé le souvenir douloureux lié à ce déclencheur. Entre trois et douze ans, vous avez été puni à chaque fois que vous vous intéressiez aux conversations des adultes et que vous vouliez poser une question.

La punition tombait sans explication, les adultes vous donnaient l’ordre de vous taire au
prétexte qu’« On ne coupe pas la parole ». Vous n’avez pas pu mettre de sens sur cette injonction, votre
cerveau s’est débrouillé du mieux qu’il a pu. Il a décidé (toujours pour cet exemple) qu’il valait mieux
respecter cette loi, la graver dans le marbre « ad vitam æternam » afin d’être socialement correct. Comble
d’ironie, c’est peut-être cette intention à priori bienveillante qui parfois vous fera passer pour une
personne psychorigide, pas drôle, ou chiante… que sais-je encore !
Alors il vous faudra, non seulement, remettre en question l’aspect catégorique de la croyance puis vous
interroger sur les croyances les adultes de votre enfance qui les ont poussées à omettre de vous donner une
explication rationnelle et adaptée à l’âge que vous aviez à l’époque.
Avec une croyance qui s’appuie sur des souvenirs douloureux, on peut parler de croyance objective.
Bienvenu dans le monde du « pardon » qui n’a pas grand-chose à voir avec la bienveillance, le respect des
géniteurs ou la religion …


Mais parlons des croyances non objectives avant de revenir sur ce point.

Exemple pour illustrer une croyance non objective : vous avez remarqué que votre colère se déclenche lorsque quelqu’un bâcle un travail. Elle se manifeste y compris si vous n’êtes pas concerné par le sujet, vous vous surprenez à proférer des jugements du type : « je ne supporte pas les gens qui bâclent un travail, c’est un manque total de respect, ce n’est pas étonnant si tout va mal dans cette société ! ». Cette colère pourrait presque passer inaperçue tant elle est fréquente ! Vous êtes passé inconsciemment d’un jugement de la qualité d’un travail réalisé à un jugement général sur les gens, le respect et la société.
Juger la qualité d’un travail est utile pour de nombreuses raisons : levier d’amélioration, vérification de la conformité, satisfaction pour le client, plaisir du travail bien fait…(vous pourrez allonger la liste à votre convenance).
Être en colère après « les gens qui bâclent un travail », alors que ni de près ni de loin vous n’êtes concernés, est une réaction émotionnelle qui, si vous n’y prenez garde, va progressivement ancrer des croyances non-objectives dont le principal perdant sera vous-même !
Vous vous doutez bien que « les gens » en question ne vont pas se bouffer les coronaires parce que vous êtes en train de renforcer des croyances limitantes qui n’existent que dans votre tête… Il n’y a rien de spécial à faire pour laisser les croyances bosser en dehors de notre champs de conscience !

Le prix à payer peut être lourd parce que, pour chaque émotion, notre cerveau s’appuie sur les expériences du passé pour créer, puis renforcer progressivement avec une efficacité redoutable, les pensées qu’il croit être bonnes pour nous.

L’excellente nouvelle, c’est que nous ne sommes pas obligés de nous laissez malmener par nos pensées
abstraites.

Nous avons le pouvoir de décider de l’organisation de nos valeurs !

Pour une situation donnée :
La sottise, c’est quand le choix privilégié comporte un ou plusieurs perdants. La sottise ne requière aucun effort.
Le bon sens, c’est quand le choix privilégié est le plus équitable.

Le bon sens requière de la volonté, du travail, de la recherche, de la négociation, des compromis, de la patience, du talent…

Conclusion

Le bon sens c’est d’accueillir la somme de nos émotions, de négocier avec elles, de les hiérarchiser pour leur apprendre à se tenir à leur juste place. La colère n’est ni bonne, ni mauvaise ; ni juste, ni injuste ; ni positive, ni négative ; ni saine ou malsaine… C’est ce qu’elle est capable de vous faire faire, qui compte vraiment pour vous et ceux qui vous entourent.
Autorisez-vous à être en colère face à la sottise !
Autorisez-vous à négocier avec elle quand le monde dans lequel nous évoluons n’a pas toujours, ou pas encore, trouvé suffisamment de bon sens pour chérir l’équité !

Chacun d’entre nous peut produire du bon sens.
Si la sottise est virale, le bon sens peut devenir contagieux !

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